je n’aime pas partir en vacances

Chère lectrice, cher lecteur,

Il faut d’abord que je vous redise combien me plaît ce nouvel exercice que je me suis fixé de vous écrire chaque semaine… et du coup vous remercier infiniment de me lire et de ritualiser ce rendez-vous en vous abonnant ! C’est un vrai plaisir pour moi de poser ce moment avec vous et de communiquer non plus par des images mais par des mots. Cette fois-ci, je vous écris de Crète et du coup c’est l’occasion pour moi de vous avouer… que je n’aime pas partir en vacances ! Si si, je vous le jure, je n'aime pas trop les départs et j’ai toujours du mal à quitter notre quotidien que j’aime infiniment – si n’était ce désir d’ailleurs…

Partir en voyage, ça oui. Mais alors du vrai voyage, celui où on se retrouve face à soi-même et dans la nudité des choses (et voilà que je vous reparle de nudité, moi si pudique !) J’aime le voyage dans sa sauvagerie & dans sa radicalité. Le voyage qui vous transforme, qui vous construit. Le tourisme, lui, me lasse assez vite. Il faut dire aussi que dans notre monde globalisé et hyper-connecté, il est de plus en plus rare de trouver l’Ailleurs, le vrai.
Et puis à cinq, le voyage est compliqué, il y a les désirs de chacun… et tellement cher. Nos vies occidentales aussi, soumises au calendrier, laissent bien peu de place au véritable voyage, celui où on peut se laisser couler dans un temps long & sans repères. Il y a une bonne dizaine d’années, nous avons fait un voyage au long cours : 18 mois suspendus, jusqu’en Chine & retour*, une expérience tellement intense et transformatrice ! J’ai eu alors vraiment l’impression de toucher du doigt ce que je cherchais: le cœur de l’existence. Mais je ne suis pas sûre que j’aurais encore la force de vivre cela. Sans doute qu’il y a un temps pour tout. Peut-être aussi que nous repartirons quand les jeunes voleront vraiment de leurs propres ailes…

Pour le moment, nous avons choisi une nouvelle manière de partir qui nous convient bien. Et qui vient un peu apaiser notre inasouvible désir d’ailleurs - il y a tant d’endroits où nous aurions aimé vivre et où nous ne vivrons jamais ! Autant je m’accommode bien de la fuite du temps (à vrai dire, j’aime bien même toutes les couches de vie qu’elle sédimente en moi), autant j’ai du mal avec tout cet espace qui m’échappe & que j’aimerais approcher, expérimenter, habiter, vivre. Parce que c’est ça le problème, j’en reviens toujours au même point : cet amour inconditionnel pour le quotidien. Moi ce que j’aime, c’est juste vivre. J’aime les jours, les nuits, j’aime travailler avec autour de moi les gens que j’aime, œuvrer à ma petite façon et je ne ressens pas du tout le besoin de vacances, au sens de coupure, de rupture, d’interruption.

Du coup, pour concilier tout cela, c’est tout bête : nous trimballons notre quotidien ailleurs ! Nous louons dans un lieu qui nous appelle une petite maison dans nos goûts (ça n’est pas toujours facile à trouver) et nous y vivons, c’est aussi simple que cela. Alors pour quelques jours ou quelques semaines, cette maison éphémère et son environnement deviennent notre lieu de vie. Nos occupations restent quasiment les mêmes qu’à l’ordinaire, seuls les temps alloués varient. Mais l’essentiel demeure : s’habiller de frais, cuisiner et dresser la table familiale, parler, lire, étudier, travailler, se balader, découvrir, se ravitailler, nouer des relations autour de nous… Chercher & choyer comme chez nous les petits moments quotidiens de poésie qui sont le sel de l’existence. Rien de plus. Ainsi j’apaise mon désir d’espace tout en protégeant cette vie quotidienne que je chéris.

En fait, j’ai mis très longtemps à le comprendre mais aujourd’hui, je sais: je n’aime pas partir en vacances, j’aime vivre ailleurs. Et ça, je crois que je pourrais le faire infiniment, aller de pays en pays & de maison en maison avec mon petit barda quotidien…

Voilà, je vous laisse, il y a des petites aubergines blanches du marché qui appellent dans la cuisine !

Belle journée, prenez soin de vous et à jeudi prochain !
Laura

*à l’époque nous avions tenu un blog qui est encore plein de belles images et de toutes nos aventures, je mets le lien ici pour les plus curieux:
https://bringmichvonhierweg.wordpress.com

Précédent
Précédent

les petites tasses du musée d’Heraklion

Suivant
Suivant

dormir nu(e)